Note : ceci est un message qui a été soumis à la réunion du 21 octobre 2021 du Comité des Usagers Vélib' Métropole.

Commentaires divers concernant les bonus, la nouvelle tarification des VAE, les notations, etc.

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Bonjour.

Ceci est le troisième message que je soumets à cette réunion.

Il s’agit cette fois de commentaires et de suggestions que j’aurais volontiers émises lors des (au moins deux) réunions précédentes s’il s’était trouvé que j’aie été convié à y participer.

Ces commentaires et suggestions concernent essentiellement les bonus, les mesures prises (notamment tarifaires) pour améliorer la disponibilité des Vélib’s à assistance électrique, ainsi que le nouveau système de notation des vélos.

Concernant les bonus :

Cet avantage donné aux usagers avait été créé à l’époque de l’exploitant précédent, afin de compenser la tendance naturelle des usagers, désireux d’effectuer un trajet dont une des extrémités se situe à une altitude plus élevée, à préférer utiliser le Vélib' dans le sens de la descente plutôt que dans le sens de la montée, et donc de limiter la nécessité pour l’exploitant de réguler les mouvement des vélos en chargeant un certain nombre de vélos dans un camion depuis une station pleine pour aller les déposer ensuite dans une station vide (généralement située en hauteur).

Il consistait donc à choisir un certain nombre de stations situées généralement en altitude, à leur attribuer le statut de station bonus, et à créditer tout usager qui dépose un vélo dans une de ces stations d’un crédit de 15 minutes, nommées minutes bonus, crédit qui était automatiquement débité à l’usager (par tranches de 15 minutes) en lieu et place d’un paiement en € chaque fois que la durée d’un trajet excédait les 30 minutes de gratuité.

Une seule formule d’abonnement annuel était alors disponible, la gestion de ces bonus était donc très simple. Aucune formule d’abonnement n’induisait de trajet payant dès la première minute, donc aucun bonus n’avait à être débité dès la première minute.

Avec le changement d’exploitant, les choses se sont compliquées. En particulier, les Vélib’s électriques ayant été introduits, il avait été présumé que la seule existence de ceux-ci rendrait caduque le problème des stations en hauteur.

Les stations bonus ont doc été supprimées, et en lieu et place, on a introduit la notion de bonus (de 3 minutes, ou bien 10 si cumul sur le même trajet) attribués en cas de dépôt d’un vélo dans une station vide ou bien de prise de vélo dans une station pleine. Tous types de vélos confondus, électriques ou mécaniques, soit dit en passant.

Le débit des bonus, lui, s’est fait par tranches de 30 minutes, soit deux fois plus qu’avec l’ancien exploitant. J’imagine que ce choix a dû être établi en raison de l’existence, dans certaines formules d’abonnement, de trajets payants dès la première minute, pour éviter que la volonté d’avoir un minimum de perception sur de tels trajets soit compromise par l’existence de ces bonus.

L’efficacité de cette méthode s’est vite révélée mise en échec par l’inefficacité de la gestion des pannes constatée chez l’exploitant : en effet, les stations ont très vite tendu à être rapidement et perpétuellement occupées par des vélos défaillants, rendant très aléatoire la possibilité de l’existence de stations vides là où la demande de retrait de vélos est très forte, ou bien remplies par des vélos dont certains sont suffisamment défaillants pour ne plus être vus par la station (alors qu’ils occupent tout de même des places), rendant très aléatoire la possibilité de l’existence de station considérées comme pleines là où la demande de dépôt de vélos est très forte.

Par ailleurs, contrairement à ce que l’on pouvait espérer, la question des stations en hauteur n’a pas été résolue par l’existence des Vélib’s électriques. On constate toujours que ces stations sont très rapidement vidées de tous leurs vélos, ce qui fait que la régulation y reste toujours nécessaire. Tout au plus, il arrive que quelques vélos électriques y soient un peu plus souvent accessibles, mais ceci ne résout rien pour ceux qui n’utilisent pas les vélos électriques, et la nouvelle tarification introduite en avril 2021, qui vise à décourager l’usage de ces Vélib’s électriques, n’est aucunement faite pour arranger les choses.

À cet effet, je voudrais donc émettre les suggestions suivantes, en tant que pistes à explorer pour améliorer ce système :

Bien entendu cela va impacter un peu le financement général des Vélib’s. Mais n’oublions pas que la régulation par camion a elle aussi un coût important. Pour autant que les pertes liées aux bonus parviennent à diminuer le nombre de trajets en camion nécessaires à la régulation, et donc son coût, ne devrait-on pas pour autant considérer que cela en vaudrait la peine ?

Le système actuel est beaucoup trop aléatoire pour qu’aucun utilisateur ne puisse espérer acquérir des bonus en planifiant un usage différent de son usage normal, alors que cela devrait être le cas. Il me semble qu’il devrait être rendu suffisamment consistant pour qu’il devienne intéressant pour les usagers de pratiquer une auto-régulation active qui leur donne un avantage réel.

Sauf à considérer qu’on ne s’intéresse pas réellement à l’efficacité de ce dispositif, lequel n’étant alors qu’une sorte de pseudo-cadeau fait à l’usager, dont il convient de maximiser la visibilité mais de minimiser l’effectivité et l’impact réel, à l’instar de, par exemple, toute promesse électorale qui se respecte.

Concernant la surexploitation des Vélib’s électriques :

Je parle ici bien sûr de ce qui avait motivé l’introduction de la nouvelle tarification des Vélib’s électriques, le 24 avril 2021.

Je peux comprendre que, pour un service dont le coût est subventionné pour une part supérieure à celle réellement payé par l’usager, l’exploitant et les pouvoirs publics ne soient pas très enthousiasmés par l’augmentation considérable constatée du recours à ce service, et que donc la solution la plus évidente, à savoir augmenter le nombre de vélos électriques disponibles, ne soit pas vue d’un très bon œil.

Et par ailleurs, je crois qu’on a aussi ici en particulier le problème de certains usagers qui font un usage de nature professionnelle du service dans une proportion suffisamment importante pour que les usagers réguliers puissent se plaindre d’une perte de disponibilité.

De mémoire, je crois qu’il avait donc été demandé, avant qu’elle ait été décidée, une disposition tarifaire qui favoriserait l’utilisation des Vélib’s électriques dans les cas suivants :

  1. Distance à parcourir importante,
  2. Devoir rejoindre une station en hauteur,
  3. Utilisation par personnes âgées.

Le choix qui a été fait a été de limiter à deux le nombre de trajets gratuits quotidiens pour les Vélib’s électriques, la durée initiale de ces trajets étant par ailleurs portée à 45 minutes. Choix qui déjà, à mon avis, ne satisfait que la première de ces trois demandes.

Concernant les personnes âgées, le seul changement introduit est une nouvelle formule d’abonnement leur accordant une réduction de 14,4 % sur le prix de l’abonnement. Sur le prix de tous les abonnements, d’ailleurs, pas seulement sur celui des Vélib’s électriques. Et sans avantage tarifaire sur la partie non gratuite de leurs trajets.

14,4 % ? Sérieusement ? N’aurait-il pas été plus adéquat, plutôt, de ne pas nécessairement proposer un tarif différent aux abonnements dits Seniors, mais en revanche de leur conserver l’usage illimité des vélos électriques, considérant que ① ils en ont physiquement bien davantage besoin que les usagers plus jeunes, et que ② les usages professionnels abusifs ont bien peu de chances de provenir de cette catégorie de population ?

À l’inverse, et donc pour les raisons inverses, accorder la même réduction aux jeunes de moins de 26 ans (plutôt que de, disons, la leur limiter aux seuls abonnements pour Vélib’s mécaniques), me semble vaguement inadapté. Mais bon.

Concernant tous les autres, il a été argumenté que 83 % des usagers utilisaient le service pour effectuer moins de deux trajets par jours, sous-entendant alors que pas plus de 17 % de ceux-ci seront affectés par la mesure.

Ces 83 % ne pouvant être, selon moi, qu’une moyenne annuelle d’usage, donc l’argument ne pourrait faire sens que si chaque usager faisait exactement le même nombre de trajet tous les jours tout au long de l’année, samedis et dimanches compris.

Or même moi, utilisant maintenant ce service systématiquement pour me déplacer dans Paris, j’ai calculé que ma propre moyenne annuelle ne dépassait pas un seul trajet par jour. Mais pour autant, les jours où j’utilise le service, il est fréquent que j’effectue davantage de trajets que cela.

L’argument aurait été certainement plus valable si, au lieu de limiter à deux trajets gratuits par jour, on avait limité à 60 trajets gratuits par mois. Mais ce choix-là n’a pas été fait.

L’autre inconvénient du système est l’impossibilité, dorénavant, de décider de changer un vélo défaillant en cours de trajet sans perdre un usage gratuit, ce qui était jusque là la solution palliative choisie par de nombreux usagers face à la difficulté de trouver un vélo fonctionnel dans chaque station. Inconvénient qui d’ailleurs existait déjà auparavant avec les abonnements V-Libre, mais maintenant, il devient généralisé.

La réponse donnée à cela est le fait que si on prend un vélo défectueux et qu’on le rend avant 3 minutes, le trajet ne sera pas compté. Disposition qui au passage n’a rien de nouveau, elle existe depuis janvier 2018. Mais cette disposition ne résout absolument rien si par ailleurs aucun vélo plus fonctionnel n’est présent à la même station au même moment. On ne peut même plus choisir de prendre un Vélib' électrique à peine chargé pour aller l’échanger plus loin contre un autre dont la batterie serait mieux remplie. Les stations où il n’y a plus aucun vélo en parfait état deviennent donc virtuellement vides.

Tout ceci sans présumer du cas du vélo apparemment fonctionnel mais qui tombe subitement en panne en milieu de trajet. J’ai déjà rencontré ce cas plusieurs fois. À cela l’exploitant nous répond en nous invitant à contacter le service clients pour demander un remboursement. L’efficacité du service clients actuel (même pas ouvert la nuit, contrairement à celui de l’exploitant précédent), ainsi que les délais de traitement que j’ai subi face aux demandes que j’ai déjà eues à leur faire dans le passé, n’est certainement pas de nature à inciter l’usager à procéder à une telle démarche. Et puis quoi … n’est-ce pas … cette démarche est tellement plus simple que de juste déposer le vélo à la station la plus proche et en prendre un autre …

Un palliatif, certes pas très facile à mettre en œuvre, serait de proposer à l’usager la faculté de fusionner, au niveau tarifaire, deux trajets ayant une station en commun et un écart de temps de moins de 10 minutes. Mais alors seulement optionnellement … car dans certaines configurations cette disposition, si elle était automatique, pourrait au contraire engendrer des surcoûts.

J’ai vu de nombreux commentaires d’usagers qui ont admis qu’ils auraient préféré une augmentation globale du tarif d’abonnement plutôt que d’avoir à gérer cette restriction à deux trajets gratuits par jour. C’est également mon opinion à moi. Mais évidemment, cela ne règlerait pas la question des usages professionnels abusifs. On aurait néanmoins attendu une mesure qui ne pénalise pas autant les usagers réguliers. Genre … 60 trajets gratuits par mois ? Ou a contrario, deux trajets gratuits, mais par périodes de 12 heures au lieu de 24 ?

Concernant l’accès aux stations en hauteur, la meilleure proposition que je puisse faire (supposant acceptée l’idée citée plus haut de rétablir les stations bonus), serait de décider que tout trajet en Vélib' électrique se terminant dans une station bonus avec un abonnement V-Max serait initialement gratuit de toutes façons, et pas décompté du quota quotidien. D’ailleurs on pourrait même éventuellement faire cela avec tout trajet générant des bonus.

En attendant, bon … Je pense qu’à l’expiration de mon abonnement actuel à l’ancienne tarification, je ne renouvellerai qu’en mode mécanique. Cela va me contraindre à faire davantage d’exercice. Tout n’est donc pas négatif.

Concernant le nouveau système de notation des vélos :

Depuis quelques mois, on a la possibilité de noter le vélo qu’on vient d’utiliser en vue d’avertir les autres usagers de l’existence d’un problème, et de faciliter le signalement des vélos défectueux.

La note produite est le résultat de la moyenne de toutes les notes données par les utilisateurs, avec vraisemblablement un avantage aux notes les plus récentes ainsi qu’un délai d’expiration des notes anciennes.

Ce système est cependant trompeur car :

J’ai constaté que l’exploitant revendiquait déjà (voir https://blog.velib-metropole.fr/2021/08/30/noter-un-velib/) que Depuis sa mise en place, 63 % des vélos évalués par les utilisateurs du service obtiennent la note maximale de 3 étoiles. N’y aurait-il pas lieu, dès lors, de très très très sérieusement pondérer cette revendication ?

En tout cas, j’ai pu observer par exemple que les vélos immobilisés en station pour cause de pneu crevé avaient souvent une note de trois étoiles.

Une idée plus audacieuse serait de donner à tout usager, sous sa responsabilité (et donc jamais anonymement) la possibilité de bloquer directement un vélo qu’il estime inutilisable. En détaillant très précisément les motifs de la demande. Bien sûr on pourrait avoir alors des incivilités qui consisteraient à bloquer des vélos abusivement. D’où la responsabilisation nécessaire de l’usager qui pourrait être sanctionné s’il effectue des signalements trop évidemment infondés. La sanction minimale étant sans doute de lui interdire tout signalement ultérieur.

Un système analogue existe déjà à Lyon, même s’il y est limité au fait que trois demandes similaires d’utilisateurs différents sur un même vélo soient nécessaires pour que le blocage soit effectif.

Autres suggestions :

À Montréal, en particulier, le service équivalent propose des abonnements au mois.

Voir https://bixi.com/fr/abonnement-mensuel.

Pourquoi ne pas faire la même chose à Paris, par exemple pour un tarif mensuel équivalent à celui de 2 ou 3 mensualités d’un abonnement annuel, toutes autres conditions étant par ailleurs identiques à celles des abonnements annuels ?

Certaines personnes (par exemple venant de province) qui font des séjours à Paris plus longs que les séjours touristiques les plus fréquents apprécieraient certainement ce genre de formule.

Aussi, à l’époque de l’exploitant précédent, on avait la possibilité, si on arrivait dans une station et que l’on constatait que celle-ci était pleine, d’aller à la borne principale de cette station et d’y demander une rallonge de 15 minutes sur la période de tarification en cours du trajet que l’on souhaite terminer.

Je pense qu’il serait juste que cette possibilité soit rétablie. Avec en plus pour aménagement une ouverture aux stations seulement presque pleines (sauf peut-être pour ce qui concerne les stations dotées du dispositif Station+ si celui-ci est activé), pour les mêmes raisons et selon les mêmes règles que ce que j’ai évoqué au début de ce message, au chapitre des bonus.

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